Les Zutiques (dit aussi Les Zutistes) (1871–1872)
Un cri d’humeur contre l’Empire et l’Académie
Nés à l’automne 1871, dans la chambre 37 de l’hôtel des Étrangers (boulevard Saint-Michel), les Zutistes réunissent une génération de poètes et d’artistes insurgés, hostiles à l’esprit académique comme aux grands déboires de la France après 1870.
Le nom vient d’un mot exclamatoire : « Zut ! », lancé comme une gifle à la gravité bourgeoise.
Sous la houlette de Charles Cros (ami de cœur d’Allais) et de son frère Antoine Cros, médecin et poète, le groupe rassemblait des figures comme Paul Verlaine, Arthur Rimbaud, Léon Valade, Émile Goudeau, Georges Lorin, Ernest Raynaud, Félicien Champsaur, Laurent Tailhade, Maurice Rollinat et bien d’autres.
Le manifeste zutiste, griffonné dans l’Album zutique, consiste en poèmes, satires et pastiches souvent scandaleux, tournant en dérision la poésie académique et l’hypocrisie bourgeoise.
Quelques zutisteries :
Rimbaud y compose ses poèmes les plus irrévérencieux (Sonnet du Trou du Cul, écrit avec Verlaine).
Les réunions étaient réputées tapageuses, mêlant absinthe et déclamations ordurières, parfois sur fond de piano.
Charles Cros accueillait les Zutistes chez lui, rue de Rennes, où se côtoyaient poètes, peintres et musiciens dans une joyeuse anarchie verbale.
La presse de l’époque oscillait entre dégoût et fascination : l’« école zutique » était vue comme une provocation nihiliste, mais aussi comme un souffle neuf.
Postérité :
Si le mouvement ne dura que deux ans, il préfigura l’humour des Incohérents, l’esprit des Hydropathes et la verve des Fumistes, dont plusieurs membres passèrent de cercle en cercle.