Les Fumistes (1880-1885)
L’humour potache devenu « activité terroriste de l’esprit »
Les Fumistes apparaissent à la fin des années 1870, dans le sillage des Hydropathes. Ils regroupent des poètes et caricaturistes que l’on accuse volontiers d’avoir fait exploser le cercle de Goudeau en 1880.
Émile Goudeau définira leur esprit comme « un mépris en dedans pour les êtres et les choses, qui se traduisait au-dehors par d’innombrables charges, farces et fumisteries ».
Parmi eux : Sapeck (Eugène Bataille), Raoul Ponchon, Georges Lorin, Félicien Champsaur, Georges Fragerolle, Charles Cros, Alphonse Allais, Paul Allais, Jules Jouy, et quantité d’autres figures du Quartier latin.
Anecdotes fumistes :
Sapeck, fameux caricaturiste, se teignait parfois les cheveux en vert ou en rouge, se promenait déguisé en pierrot, ou lâchait des chiens maquillés dans les rues.
Leur arme favorite : la parodie. Ils publient dans L’Hydropathe et Tout-Paris des monologues absurdes : Le Cuirassier qui découche (Allais), L’Homme mort (Sapeck).
Chocolats et fumisteries : Sapeck écrit un texte pseudo-scientifique promettant l’immortalité grâce aux chocolats Menier, Lombard, Poulain ou Besnier. Il reçut en retour 20 kilos de chocolat de la maison Devinck.
Les séances collectives consistaient à monter de fausses affaires, comme convoquer un concierge « à la Justice de paix à deux heures du matin », ou à improviser des dialogues absurdes devant des commerçants.
Allais excellait dans le détournement : lors d’une réunion, il lit un texte scientifique sur l’électricité en prétendant qu’il s’agit d’un poème ; l’assemblée applaudit.
Leur devise : « Faire sentir à quelqu’un, dans une assemblée nombreuse, qu’il est un imbécile, c’est le propre de l’esprit. » (Georges Fragerolle).
Postérité :
Si les Hydropathes annonçaient déjà la bohème et le Chat Noir, les Fumistes en furent l’aile la plus radicale et la plus burlesque. Leur goût de la provocation et du non-sens les rattache aux Incohérents et en fait des précurseurs du surréalisme.
