Bis repetitam (mais autrement)
Le savoir-vivre du cambrioleur de la confiserie Placide Bénévole
De Mac Larinette d’après Alphonse Allais
Alors qu’il dormait profondément mais nuitamment, Placide Bénévole, le confiseur, entendit de l’oreille gauche un bruit étrange : un malfaiteur découpait à l’aide d’un matériel ad hoc (de conception américaine) un trou dans le rideau de fer de son magasin de confiserie. A peine le temps de l’écrire, le sac du malfaiteur fut gonflé de pâtes de jujubes roses, de guimauves mauves, de coquelicots écarlates (de honte), rapidement prélevés dans les larges bocaux carrés du comptoir. « Quand c’est carré, ça tourne rondement », pensa en lui-même le malfaiteur. Ce malfaiteur, professionnel, ne prend jamais de gant pour se penser en lui-même. Une bougie à la main et un revolver de l’autre, Placide Bénévole descendit l’escalier menant à la boutique. Très poli, le malfaiteur salua Placide Bénévole et avec affabilité. « Je n’ai pas voulu, dit-il, passer si près de chez vous, sans vous dire un petit bonsoir ».
Et tant dis que sans méfiance, Placide Bénévole le confiseur lui serrait la main, le malfaiteur lui enfonça dans le sein un fer homicide (de fabrication américaine).
Le malfaiteur allait rentrer dans la rue quand une pensée lui vint. Alors, s’asseyant à la caisse, il traça sur une grande feuille de papier et en gros caractères, quelques mots. A l’aide de la meilleure colle, la colle Limpidole*, il colla cet écriteau sur la devanture de la confiserie de Placide Bénévole et les passants purent lire à l’aube naissante :
« Fermé pour cause de décès »
*Note pour la société Limpidole : publication offerte mais non gratuite. Mettez le chèque sous le paillasson.