Toute une vie - Série« Les Maîtres de l'humour » Alphonse Allais, explosif - france culture
Qui était Alphonse Allais ? Son nom sonne parfois comme un mot de passe. Né en 1854 à Honfleur, en Normandie, et mort en 1905 à Paris, il est écrivain et humoriste. Avec ses personnages récurrents comme le Captain Cap ou d'inventions délirantes comme la belle-mère explosible, voici une référence.
Avec
Jacques Roubaud, poète et mathématicien français
Gérard Calvi,
Alphonse Allais est un homme "au teint fleuri, à l'allure anglaise" avec le regard humide et tendre, "un peu lointain des gens qui boivent". Cet homme, pharmacien de formation, obnubilé par les explosifs, passe son enfance à Honfleur. Son enfance est rythmée par des blagues, et il commence sa vie d'adulte à écrire des monologues, destinés à être dits dans les salons et les cafés, adressés directement aux "gens. Des sales types, les gens."
Le café est d'ailleurs le lieu de prédilection d'Allais. Et le café du 19e siècle est très souvent un cabaret. Pourquoi un tel lieu de prédilection ? Pour la boisson qu'il fournit, mais également pour son ambiance, son public — bref, son climat. Il met ses histoires au point en les racontant dans les cabarets, puis les écrit directement, souvent sans ratures. Jules Renard témoigne d'ailleurs de ce procédé dans son journal. Il travaille souvent à la terrasse des cafés.
Micheline Dax, Roger Carel et Philippe Noiret au service d'Alphonse Allais
Dans ce documentaire de plus d'une heure, la vie d'Alphonse Allais, le Paris des cabarets et la France à cheval sur les 19e et 20e siècles, sont brossés par un voyage à Honfleur, mais aussi des témoignages, dont celui d'Eugène Ionesco, des analyses, dont celle de Jacques Roubaud, et des lectures de textes d'Alphonse Allais, signées Micheline Dax, Roger Carel et Philippe Noiret.
Alphonse Allais, entre Quartier Latin et Montmartre
Alphonse Allais exerce son talent dans des clubs d'étudiants : le club des Hydropathes et le club des fumistes. Un attrait pour la blague indéniable, un talent d'observateur et une virtuosité avec la langue française font qu'il donne l'impression que le mot "facétie" a été inventé pour lui.
Un temps rédacteur en chef du Chat Noir, Alphonse Allais écrit également pour Le Figaro, Le Journal ou L'Écho de Paris. Il bâtit souvent ses textes par l'absurde, "une philosophie possible à une époque où on ne savait pas où on allait", dit Jacques Roubaud. Jeux de mots, calembours, parodies, fantaisies, la matrice d'Alphonse Allais est le trait d'une époque et d'un lieu : la fin du 19e siècle et les cabarets de Paris. Il est un des princes de la "société des cafés", et utilise son art du portrait et de la caricature pour embrasser ses contemporains.
Avec une vision pessimiste de la vie, "morne pont qui réunit deux néants", Allais fait de ses lecteurs des victimes consentantes : on le lit pour rire mais aussi pour se perdre.
Embrasser et enserrer la société par un ruban de mots
Les textes d'Alphonse Allais évoquent souvent la vie quotidienne, les cafés, les rencontres, les inventions loufoques et les travers de la société. La Tour Eiffel et la traversée de la Manche, thèmes prégnants dans le Paris du début du 20e siècle, mais aussi l'alcool et la politique, fabriquent un tissu de textes qu'il est capable de produire à la demande. Son œuvre, bien que basée sur l'humour, est profondément liée à une vision pessimiste et tragique de l'existence.
Alphonse Allais apparaît comme un personnage complexe et paradoxal, à la fois mélancolique et humoriste, sérieux et facétieux, attaché à la tradition et en même temps novateur. Son œuvre, caractérisée par l'absurde, les jeux de mots, les contraintes d'écriture, et une vision pessimiste du monde, continue de fasciner et de dérouter.
Avec également Robert Chouard, alors président de l’Académie Alphonse Allais.
Avec l’aimable autorisation de Radio France.

